Francine Loiseau - Van Baerle

auteure de
"Le pieton, la securite routiere et ...." (1989
)
"Better and safer streets through traffic calming". Amarcande, Paris (1990)-.
"Partager l'espace public" (25 octobre 2002) article reproduit ci-après
"Usage du vélo, de sérieux blocages..." (2002) lire l'article

25 octobre 2002
Partager l’espace public
par : Francine Loiseau

Source : http://www.echosvelo.net/article.php3?id_article=95
(ce lien n'est plus actif en 2009)


Partager la rue pourquoi faire ? "Pour permettre aux piétons, cyclistes, automobilistes et aux transports publics de cohabiter de manière paisible" ont répondu les participants à l’atelier consacré à ce sujet vendredi 25 octobre 2002 au Congrès du Club des villes cyclables à Chambéry. Jusque là tout le monde est d’accord. Sur le comment, les solutions divergent selon les situations, les villes et, peut-être surtout, selon les objectifs que l’on cherche réellement à atteindre. C’est bien cela qui ressort des différentes expériences qui ont été présentées à cet atelier animé par Johanna Bougon, vice-présidente d’Amiens Métropole.

Les solutions :
Pour les participants, chaque situation nécessite diagnostic et adaptation des outils à la situation locale. C’est heureux, car cela implique qu’une marge de manœuvre existe, notamment pour traiter avec la population et les associations qui connaissent bien le terrain. Cela peut aussi être angoissant ou inconfortable pour qui n’a pas une longue pratique de l’aménagement de l’espace public considéré comme un lieu d’échange, de convivialité et non seulement comme un lieu de circulation.
Fort heureusement, explique Geneviève Laferrère (Certu), existent maintenant recommandations, guides et autres fiches éditées par le Certu* et le Club des villes cyclables*, ainsi que des boîtes à outils moins formelles que l’on s’échange entre villes ou lors des congrès et journées techniques du Club. "Au sens strict, poursuit-elle, les outils réglementaires ne sont pas si nombreux pour modérer la circulation en ville et partager l’espace public" :

- L’aire piétonne, d’une part, seul espace où le piéton est juridiquement prioritaire et où les automobilistes doivent rouler "au pas" (soit environ à 5 km/h) si et quand ils y ont accès ; les cyclistes aussi doivent rouler à la même allure mais, à la différence des voitures, ils y ont automatiquement accès depuis un décret de 1998, sauf si un arrêté du maire stipule le contraire ou limite l’accès cycliste à certains créneaux horaires.

- La zone 30, d’autre part, où automobilistes, cyclistes et transports publics (s’il y en a) roulent sur une "chaussée", à 30 km/h, les piétons ayant leur propre espace, dénivelé ou non, par rapport à l’espace voitures ; néanmoins, ils doivent pouvoir traverser partout, sans gêner les autres usagers pour autant. De ce fait les passages piétons ne sont pas recommandés dans les zones 30 et pour traverser, le Code de la route s’applique. Comme pour la priorité entre véhicules d’ailleurs : à droite, résolument à droite, donc sans stops ou feux tricolores pour maintenir la vigilance de tous les usagers et leur vitesse... réduite.

"A Chambéry, nous indique Michel Déronzier, directeur des services techniques de la ville, c’est le piéton qui fait la ville et on s’attache depuis une bonne vingtaine d’années à lui rendre la vie et la ville plus facile, en transversalisant et en horizontalisant les espaces publics et en intégrant tous les usagers dans le même espace, sans ségrégation, mot que l’on déteste à Chambéry". A tel point que, dans le centre-ville, il n’y a guère de couloirs bus ou de pistes cyclables, là encore pour assurer la mixité des usages et maintenir la vigilance de tous les utilisateurs. C’est différent sur les grands axes de pénétration de la ville à partir de la périphérie, dont un certain nombre reste à traiter. Michel Grunberger, maire adjoint de Chambéry, admet que, venant de l’extérieur, on peut se demander si :

- une politique qui place le piéton au centre dans la construction de l’espace public est suffisante pour "faire" une ville cyclable : il estime que oui dans une ville moyenne comme Chambéry où plus de 50% des déplacements - ville intra muros - s’effectuent à pied, où tout le centre-ville est accessible à pied à partir des quartiers alentour et où "à l’évidence, toute politique qui consiste à pacifier la circulation bénéficie aux cyclistes" ;

- si tous les aménagements sont forcément adaptés aussi bien aux cyclistes qu’aux piétons : "pas de problèmes dans les zones 30, estime-t-il, où l’on n’a pas besoin de leur faire des aménagements spécifiques ; les passages surélevés, en revanche, réclament un certain effort de la part du cycliste, mais les normes ont considérablement adouci les pentes" ;

- si la sécurité des cyclistes est autant assurée que celle des piétons lorsque les lieux sont partagés par les automobilistes, les cyclistes et les piétons : là encore il répond oui, même dans les zones 30 en sens unique et à contresens cyclable où les uns et les autres se voient et sont ainsi obligés de se respecter.

La ville de Colombes (78.000 habitants, Hauts-de-Seine), rappelle Jean-Pierre Baudechon, conseiller municipal, a reçu le premier Vélo d’or décerné par le Comité de promotion du vélo pour la création de son "réseau vert", un ensemble de cinq zones 30 (3 restent à faire) - souvent à sens unique et contresens cyclable - reliés par 7 itinéraires cyclables. En dehors de ces zones, des aménagements complémentaires comme des oreilles, des chicanes ou du stationnement alterné ont été réalisés là où nécessaire. "Un respect de la limitation de vitesse de 80% a été constaté dans ces zones et aucun accident de vélo dans celles qui sont à contresens cyclable" selon le conseiller municipal.

Johanna Bougon, pour conclure, estime que, outre la mixité et la cohabitation, il est essentiel d’obtenir, par l’aménagement et le rapprochement des vitesses entre les différents usagers de l’espace public, un certain équilibre entre les modes de déplacement après des décennies de "ville motorisée", à domination automobile croissante, si on veut réellement partager l’espace public et parvenir à une ville vivable et... durable pour les habitants.

 

 

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