La nomination d'Hubert Peigné comme "Monsieur Vélo" , réactions dans les journaux
LE MONDE
Nomination d 'un "M. Vélo"| 20.04.06 | 16h13 • Mis à jour le 20.04.06 | 16h13
Le ministre des transports et de l'équipement, Dominique Perben, a annoncé, mardi 18 avril, la création d'un comité "code de la rue", ainsi que la nomination d'un "M. Vélo", Hubert Peigné, ingénieur général des Ponts et Chaussées.
Inspiré de l'exemple belge, le "code de la rue" a pour objectif d'obtenir un "meilleur partage de la rue" entre les différents usagers et de "réaffirmer les droits et devoirs de chacun".
Les dix membres de ce comité, mené par Monique Giroud, présidente de la Fédération des usagers de la bicyclette, devraient notamment réfléchir sur un "principe général de prudence" établissant la responsabilité de l'usager le plus fort par rapport au plus vulnérable, c'est-à-dire de l'automobiliste envers le cycliste ou de ce dernier envers le piéton.
Il pourrait aussi proposer la création de "zones de rencontre", un espace urbain limité à 20 km/h dans lequel les piétons seraient prioritaires. Par ailleurs, les rues à sens unique pourraient devenir accessibles aux cyclistes circulant à contre-sens. Le comité devrait présenter ses premières recommandations en 2007.
PROTÉGER LES PLUS VULNÉRABLES
Ces règles, qui devraient être intégrées au code de la route, ont notamment un objectif de sécurité routière. En 2004, les piétons et les cyclistes ont été impliqués dans 30 % des accidents corporels (31 % des tués et 32 % des blessés graves), selon le ministère des transports.
Par ailleurs, à son poste de coordonnateur interministériel pour le développement du vélo, M. Peigné devra favoriser le développement en ville des "modes doux". Il est chargé de recenser les expériences et de proposer des dispositions pour l'amélioration de la sécurité des cyclistes, le développement des voies réservées ou les utilisations plus sportives du vélo. Il devra également élaborer un plan d'actions pluriannuel en deux étapes. La première s'achèvera au printemps 2007.
Outre des exemples étrangers, M. Peigné pourra s'inspirer des "Propositions pour encourager le développement de la bicyclette en France", rédigées en 2004 par Brigitte Le Brethon, députée et maire de Caen (UMP, Calvados).
François-Luc Doyez Article paru dans l'édition du 21.04.06LE MONITEUR
"Local à vélo"
par François Perrier 19/04/2006
Il faut se méfier des réactions spontanées : l'annonce de la nomination d'un "Monsieur vélo" a d'abord, c'est vrai, de quoi déclencher quelques sarcasmes sur le thème: "Un de plus!". En France, la commission, le rapport et le missionné servent de remèdes à bien des maux. Sous leur couvert, il n'existe pas de problème pour lequel l'absence d'une solution n'en devienne pas une.
Monsieur Hubert Peigné, alias "Monsieur vélo", est donc nommé pour faire sauter un certain nombre de verrous mis à l'usage de la bicyclette et doit coordonner, pour ce faire, six ministères, pas moins! M. Peigné est heureusement ingénieur général des Ponts et Chaussées, expérience qui lui sera utile pour un pareil itinéraire.
Mais c'est de ses premières déclarations que naissent les plus vifs espoirs des pratiquants: plutôt que d'évoquer, d'emblée, le développement de pistes cyclables, exutoires logiques d'un CV de bâtisseur qui seraient autant de mirages dans l'état actuel des finances publiques, "Monsieur vélo" a placé parmi ses priorités le rangement du dit véhicule. Preuve d'un sens aigu du marketing ou, plus probablement, de l' irremplaçable expérience: aux cyclistes, le vélo pose surtout problème quand il ne roule pas! Pour avoir osé évoquer le local à vélo devant la docte assemblée qui l'intronisait, "Monsieur vélo" mérite l'estime des adeptes pour lesquels il va réfléchir.
François Perrier est Rédacteur en chef du "Moniteur", cycliste du dimanche.
LIBERATION
Déplacements . Et si le «code de la rue», projet à l'étude pour améliorer l'espace urbain, s'appliquait dès demain ?
Ma vie rêvée en ville
par Gilles WALLON
QUOTIDIEN : vendredi 21 avril 2006
Petite annonce à l'intention des heureux possesseurs de 4x4 rugissants et autres incongruités urbaines motorisées : vous pouvez vous mettre à trembler. Voici venir le code de la rue, une vaste refondation du code de la route, spécifiquement repensé pour un espace urbain idéal, dans lequel piétons, cyclistes et transports en commun seraient les rois du bitume (lire interview). Imaginons cette ville nouvelle, un lundi matin ordinaire...
Si je suis piéton...
... la vie est belle. Avec le code de la rue, la ville a inversé la tendance. Elle a fait de moi - le plus vulnérable des usagers de la voirie - le citoyen le mieux protégé et le plus en confiance. Avec un principe tout simple, devenu règle cardinale de la vie en ville : le plus fort est responsable du plus faible. Le camion est responsable de la voiture, la voiture du vélo, le vélo du piéton. J'aborde un espace commerçant, une école, n'importe quel endroit où la ville bouge un tant soit peu ? Je suis désormais dans une «zone de rencontre». Cela signifie que je peux utiliser toute la largeur de la voie publique, traverser là où ça me plaît et même, si ça me chante, improviser un foot. Une voiture approche ? Pas d'inquiétude : en ces lieux, elle n'a jamais la priorité, et elle ne peut pas dépasser les 30 km/h. De bonne humeur, j'interromps quand même la partie pour la laisser passer. Le tacot n'ira de toute façon pas très loin sans freiner, car, désormais, ce sont les trottoirs qui coupent la chaussée, et pas le contraire. Mais seulement dans les rues secondaires les plus calmes, hein. On n'est pas des monstres antivoitures.
Si je prends le bus...
... j'ai presque oublié la notion même d'«embouteillage». Grâce aux voies de bus généralisées mais grâce aussi aux modifications apportées sur le bitume. Exemple : le coussin surélévateur de la chaussée, placé dans les zones de trafic important et petit cousin du dos d'âne. Malin, celui-ci est assez large pour que les voitures soient obligées de rouler dessus, mais assez étroit pour que les roues du bus passent de part et d'autre. Serein, je pique un petit somme : je sais que j'arriverai à l'heure.
Si je suis cycliste...
... un monde de possibles s'ouvre à moi. Voilà qui change un peu des espaces urbains d'avant, où j'étais pénalisé à chaque coup de pédale. Un sens interdit ? Je m'y engouffre quand même. J'en ai le droit, depuis la généralisation des sens uniques limités. Les indications pour voiture ne sont pas forcément valables pour moi. Résultat : je n'ai pas à faire de détours, je me déplace mieux, de façon plus fluide... et je ne suis pas obligé d'emprunter des voies dont le trafic routier est trop important. Un rond-point ? Pas de stress : les voitures doivent se rapprocher le plus possible de l'anneau central. Moi, je roule à droite. Comme ça, les quatre-roues m'ont toutes dans leur champ de vision, et risquent moins de me percuter. Et puis, en cas de collision, la limitation de vitesse me sauve : à 30 km/h, l'accident laisse une chance de survie. En outre, délimitées par une simple ligne de peinture au sol, les pistes cyclables se sont multipliées. Quand c'est indiqué, je peux aussi rouler dans la voie de bus. Avec tout ça, pas moyen d'arriver en retard à mon cours de gym Pilates (nous sommes dans un rêve de bo-bo, après tout.)
Si je suis motard...
... je peux utiliser toute la largeur de la chaussée - plus comme avant, quand j'étais confiné à droite. Cependant, je continue de râler. Car les groupes de motards qui avalaient du kilomètre les uns derrière les autres en dessinant une belle file indienne, c'est terminé. En groupe, je suis désormais obligé de rouler... en quinconce (le premier roule à droite, le suivant, à gauche, le troisième, à droite, et ainsi de suite). Ce n'est pas aussi esthétique mais, au moins, je ne tombe pas comme un domino en cas de chute du casqué qui roule devant moi.
Si je suis automobiliste...
... je suis un peu maso, il faut bien le dire. Je dois faire très attention à tout, et tout le temps. Quand je peux rouler, je dépasse rarement les 20 km/h. Et pour se garer... Trouver une place de stationnement qui laisse au moins un mètre cinquante de largeur de trottoir, à plus de cinq mètres des extrémités d'une piste cyclable, c'est quasiment mission impossible. J'en ai marre. Autour de moi, les visages sont reposés, les oiseaux chantent, le dioxyde de carbone est presque un souvenir. La prochaine fois, je prendrai le bus.- SourceLIBERATION
Rendre compatibles les modes de circulation
par Gilles WALLON
QUOTIDIEN : vendredi 21 avril 2006Denis Baupin, adjoint Verts de Paris chargé des transports, est également président du Club des villes cyclables, l'un des partenaires de l'initiative «code de la rue».
Sous-titres :
Un code de la rue, est-ce un code antivoitures ?
Le code de la rue pourrait-il naître rapidement ?
Que reprochez-vous au code de la route ?
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