LE MONDE | 12.02.07 | 16h00 • Mis à jour le 12.02.07 | 20h22
Compte rendu


PARIS REPENSE SES TRANSPORTS
Les Parisiens devront attendre le 27 février pour savoir si la capitale
pourra disposer du même dispositif de vélos en libre-service qu'à Rennes
ou à Lyon. Après l'attribution du marché par la Ville, le 29 janvier, à JC
Decaux, la société concurrente Clear Channel a saisi le tribunal
administratif estimant que l'appel d'offres n'était pas régulier (Le Monde
du 7 février). Si les juges valident la procédure, 14 100 bicyclettes
pourraient être proposées à la location d'ici à l'été. La société JC
Decaux s'est engagée à installer avant la fin de l'année 20 600 vélos
répartis sur 1450 stations. A Lyon, le système Vélo'V compte aujourd'hui
3 000 vélos.

Le "plan vélo" est une des mesures phares du plan de déplacements de Paris
(PDP), qui a été soumis au Conseil de Paris lundi 12 février. L'UMP a voté
contre, l'UDF s'est abstenue. PS, PCF, MRC et Verts l'ont voté à l'issue
d'une bataille d'amendements. Elaboré en concertation avec les acteurs
concernés et la plupart des élus de la proche banlieue, le PDP dessine les
contours d'une politique des transports dans la capitale pour les quinze
ans à venir.

L'objectif est de réduire la circulation automobile de 40 % entre 2001 et
2020. Celle-ci a déjà diminué de 15 % entre 2001 et 2005. La municipalité
table sur une hausse de l'offre de transports en commun de 30 % d'ici à
2020. En Ile-de-France, celle-ci a augmenté de 10 % ces cinq dernières
années. L'ambition de Bertrand Delanoë, le maire (PS) de la capitale, est
de coupler toute mesure de réduction de l'usage de la voiture avec le
renforcement de bus de métros, de RER ou de vélos.
Le PDP, un document d'une centaine de pages, contient de simples
recommandations et des mesures précises que la Mairie souhaiterait mettre
en oeuvre après les élections municipales de 2008.
La voie express Georges-Pompidou, le long de la Seine, est un des sites
concernés. Le plan prévoit son interdiction aux voitures dès que le
fonctionnement du RER C qui longe le fleuve sera amélioré, qu'une nouvelle
offre de transports en commun sera effective et que sera mis en place un
service régulier de navettes fluviales, à l'horizon 2010, entre
Charenton-le-Pont au sud et Suresnes à l'ouest. D'ici là, la vitesse
serait réduite à 50 km/h sur la voie express à une date qui n'est pas
précisée.
S'agissant du boulevard périphérique, la Ville souhaite créer, à terme,
une voie réservée aux taxis, aux véhicules d'urgence, aux voitures
propres, limiter le trafic des poids lourds et réduire la vitesse. Un
comité de pilotage périphérique réunissant les élus parisiens, les maires
des communes limitrophes, les représentants de l'Etat et la préfecture de
police devra donner son accord à ces propositions.
Depuis 2001, 36 quartiers verts ont été créés : la vitesse y est limitée à
30 km/h et les trottoirs ont été élargis. D'autres devraient voir le jour,
notamment dans les arrondissements du centre. Dans le coeur de Paris,
l'objectif du PDP est de dissuader les touristes de venir en voiture et de
réduire la circulation de transit, qui représente la moitié des
déplacements. Dès 2008, un plan de circulation sera élaboré qui prévoira
des dispositifs de contrôle d'accès, expérimentés dans certains secteurs.
Ces mesures ne devront pas "générer de reports de trafic sur les quartiers
alentour".
Dans les petites rues très fréquentées par les piétons, le plan prévoit de
nouvelles "zones 30" (où la circulation est limitée à 30 km/h), notamment
autour de Beaubourg, entre le boulevard Sébastopol et les grands
boulevards. Une portion de ces grands axes pourra aussi voir la vitesse
limitée à proximité des secteurs piétonniers. Autour de la Bibliothèque
nationale, dans le Sentier, les Halles, le Marais, autour de l'Hôtel de
Ville ou de la place des Vosges, certaines voies deviendront "à priorité
piétonne". La vitesse y sera limitée à 15 km/h.

Des travaux, notamment pour l'élargissement des trottoirs, sont prévus
place du Châtelet, avenue de l'Opéra, rue de Rivoli et boulevard de
Sébastopol.
Aujourd'hui, la loi n'autorise pas une ville à restreindre ses accès aux
véhicules "polluants". En attendant une avancée législative ou
réglementaire que Paris réclame, la Mairie envisage une aide financière
pour inciter les Parisiens à acheter des véhicules propres. Cette prime
pourrait aussi concerner les deux-roues. Par ailleurs, afin de limiter les
déplacements en voiture des Parisiens et des livreurs, des points-relais
pourraient être installés pour déposer et retirer les colis.
Faute de pouvoir lutter contre l'augmentation des deux-roues motorisés 2RM
(plus de 5 % par an depuis 1997), la Ville veut encourager les scooters
électriques par l'installation de bornes de recharge. Elle poursuivra
l'effort engagé depuis 2004 de créer 1 000 places de stationnement par an,
avec mobilier d'accrochage pour les deux-roues motorisés. S'y ajouteront "des
milliers" de nouveaux emplacements avec simple marquage au sol, en surface
ou dans les parkings.

S'agissant du stationnement, la Ville estime que l'offre est globalement
suffisante mais mal exploitée et mal répartie. Depuis 2002, les tarifs
résidentiels ont baissé de 80 %. Les places payantes devraient être
généralisées dans les quartiers commerciaux le samedi, voire le dimanche,
et dans les quartiers touristiques. Quatre mille emplacements sont vacants
dans les parkings publics de la périphérie, 23 000 sont inoccupés dans les
immeubles des bailleurs sociaux. Des tarifs réduits pourraient être
proposés aux Parisiens qui iront se garer en périphérie ou dans les
sous-sols des HLM. La municipalité suggère, par ailleurs, la création d'un
"chèque déplacement" dans les entreprises pour inciter à l'usage du vélo
ou du covoiturage.
Enfin, pour réduire le ramassage des ordures par camion, la collecte
pneumatique devrait être développée : les sacs poubelles seraient aspirés
dans des tuyaux souterrains vers des centres de traitement. Mais de telles
galeries restent à creuser.
Béatrice JérômeArticle paru dans l'édition du 13.02.07.

Le mariage publicité-vélo mis en cause
A QUATRE JOURS des débats au Conseil de Paris, les groupes politiques commentent tous l'imbroglio judiciaire dans lequel la mairie de Paris s'est embourbée avec le dossier du marché des vélos en libre-service. Une nouvelle polémique refait surface : fallait-il vraiment lier la gestion du parc de 20 600 bicyclettes à l'exploitation des 1 628 panneaux d'affichage urbain ? Aujourd'hui, les deux géants de l'affichage publicitaire se livrent une telle guerre que le projet est maintenant entre les mains de la justice (voir notre édition d'hier). « Les Parisiens sont les otages de ce bras de fer entre multinationales », accuse René Dutrey, président du groupe Vert au Conseil de Paris. Une situation qui aurait pu être évitée, affirment plusieurs groupes politiques, si la mairie avait dissocié les deux marchés.
« La mairie n'a aucun regret »
« Cette flotte de vélos sera un vrai service municipal. La mairie aurait dû se donner les moyens de le développer elle-même. A la fin du contrat avec l'afficheur, que deviendront les vélos si le contrat n'est pas reconduit avec la même société ? » interroge le chef de file des écologistes. Le porte-parole du groupe UMP, Jean-François Legaret, lui, estime que « la mairie aurait dû avoir recours à une délégation de service public ». Même les communistes expriment des réserves, à l'image de Jean Vuillermoz, le président du groupe communiste parisien, qui aurait préféré l'option RATP « qui fait déjà de la location de vélos avec les maisons Roue libre ». « La mairie n'a aucun regret » , répond Anne Hidalgo, première adjointe du maire de Paris. « Ce choix permet à la Ville de se doter d'une flotte de vélos sans débourser d'argent puisque ce sera l'exploitant qui paiera tout, du matériel à la gestion. En plus, la redevance que l'afficheur devra verser à la Ville (NDLR : pour installer ses panneaux publicitaires) a été augmentée », renchérit-on dans l'entourage du maire. Autre avantage : « Nous avons pu résilier plus tôt que prévu le contrat qui nous liait à Decaux depuis 1976 pour les panneaux publicitaires et qui courait jusqu'en 2010 », ajoute le cabinet du maire. Une résiliation anticipée qui se paiera : la mairie devra verser des indemnités à Decaux pour avoir rompu le contrat avant terme. Pour le moment, le montant de cette enveloppe n'a pas encore été négocié. L'issue du nouveau marché sera probablement déterminante dans les négociations.
Une nouvelle polémique refait surface : fallait-il vraiment lier la gestion du parc de 20 600 bicyclettes à l'exploitation des 1 628 panneaux d'affichage urbain ? (PHOTOPQR/LEPROGRES/PIERRE AUGROS.)
M.-A.G.

Justice
Le service juridique avait des doutes
AUJOURD'HUI contesté par les différents groupes politiques, le couplage vélos/publicité avait déjà suscité des doutes en mairie, comme l'atteste un document interne que nous nous sommes procuré. La direction des affaires juridiques avait été chargée de comparer les deux montages envisageables : la seule gestion du parc vélos ou la gestion du parc vélos contre l'exploitation de la pub. La note des affaires juridiques datée du 28 octobre 2005 ne souligne aucune illégalité dans le système finalement choisi par la mairie de Paris. « Le recours à un contrat comprenant deux objets bien distincts (...) n'est pas usuel, mais il ne paraît pas pour autant prohibé », souligne le directeur du service. Ce dernier indique néanmoins à de multiples reprises que l'alliance vélos-publicité pouvait apparaître incongrue. Pierre-Eric Spitz mentionne ainsi plusieurs fois « l'hétérogénéité d'un contrat comprenant deux objets bien distincts ». Il énumère les nombreuses conditions à remplir pour que ce marché soit valable avant d'ajouter un peu plus loin : « Pour ne pas prêter le flanc à la critique, il conviendra de mettre l'accent sur les synergies pouvant exister entre la gestion de mobilier urbain Mupi et la gestion d'un parc de vélos qui devra lui aussi s'intégrer dans le paysage urbain. » Enfin le directeur des affaires juridiques émettait quelques réserves sur la concurrence très restreinte que ce couplage impliquait : seuls les afficheurs pouvaient postuler. Seuls les grands spécialistes de l'affichage urbain ont été effectivement en capacité de répondre à l'appel d'offre et, au jour d'aujourd'hui, c'est l'ancien détenteur du marché de la publicité, JCDecaux, qui a finalement été désigné par la mairie.
Marie-Anne Gairaud
Le Parisien , vendredi 09 février 2007

 

http://www.leparisien.com/home/maville/paris/index.htm
Justice
*Le mariage publicité-vélo mis en cause* <http://www.leparisien.com/home/maville/paris/article.htm?articleid=275988197>
A QUATRE JOURS des débats au Conseil de Paris, les groupes politiques commentent tous l'imbroglio judiciaire dans lequel la mairie de Paris s'est embourbée avec le dossier du marché des vélos en libre-service. Une nouvelle polémique refait surface (...)
*Le service juridique avait des doutes* <http://www.leparisien.com/home/maville/paris/article.htm?articleid=275988201>
AUJOURD'HUI contesté par les différents groupes politiques, le couplage vélos/publicité avait déjà suscité des doutes en mairie, comme l'atteste un document interne que nous nous sommes procuré. La direction des affaires juridiques avait été chargée de (...)
Le Parisien, le 09.02.07

http://filinfo.france3.fr/popup_afp.php?nameRegion=idfcentre&id=070208125730.qk46bwkq <http://filinfo.france3.fr/popup_afp.php?nameRegion=idfcentre&id=070208125730.qk46bwkq>
PARIS, 8 fév 2007 (AFP) - 13h57 *Affichage et vélos à Paris: signature possible qu'après décision du tribunal** *
(...) "On ne se situe pas du tout dans une perspective d'échec pour une mise en place" de ces vélos en libre service, a ajouté Denis Baupin, adjoint Verts aux Transports. Selon lui, il est possible de tenir les délais prévus, pour la mi-juillet 2007. De son côté René Dutrey, président du groupe Verts au Conseil de Paris, a regretté au cours d'une conférence de presse que le marché d'affichage publicitaire ait été lié au libre-service de vélos. "On a fait une erreur", a-t-il dit, estimant que les Parisiens étaient "pris en otages" dans cette affaire.